vendredi 6 janvier 2012

Proposition pour booster l’emploi


Chère Tunisie,
Je voudrais commencer par saluer les martyrs de la révolution Tunisienne, qui ont donné ce qu’il y a de plus cher pour permettre à notre société de se reconstruire autour de valeurs humaines nobles et enrichissantes.
Je voudrais saluer aussi les efforts de tout un chacun qui ont permis à une nouvelle démocratie de se mettre en place.
La Tunisie démocratique d’aujourd’hui semble fatiguée à la suite de ce qu’elle a dû payer pour se remettre sur les rails. A croire les chiffres avancés, notre économie est en perte de vitesse et c’est quelque chose qui a une incidence directe sur notre qualité de vie et l’état d’esprit qui régit tout une société.
Il est aujourd’hui de notre devoir à tous de penser à passer ensemble ce cap de difficultés économiques et relever ainsi les défis de l’après révolution. Il est aussi de notre responsabilité à tous de penser à nos frères et sœurs partout en Tunisie qui cherchent désespérément, une place ou un rôle à jouer dans cette société. Ils ont besoin d’un travail pour vivre ou encore… revivre.
Tomber dans la récession veut, automatiquement, au moins dire, plus de chômage, baisse du pouvoir d’achat et hausse du surendettement.
Inverser la tendance passe forcément par des investissements, mais à quel prix ?
Dans ce tableau, à première vue, sombre et sans espoir, une variable importante est à prendre en considération, à savoir la richesse en compétences et savoir-faire dont dispose la Tunisie d’aujourd’hui. Si nous croyons les chiffres annoncés, 65000 titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, multilingues, sortent chaque année de nos universités. Pas moins de 11000 d’entre eux découlent d’une branche relative à l’informatique et aux technologies de la communication. Y en a qui sont aux chômages ? Oui forcément, peut être beaucoup ou encore énormément.
De nos organismes de formation sortent aussi des artisans, des techniciens, des productifs qui disposent d’un savoir-faire, d’une passion, mais… d’un trop petit marché.
Chercher à vendre en Tunisie, avec nos 10 millions d’habitants est plus ou moins intéressant… C’est même un cas d’étranglement. La fermeture de l’économie Tunisienne sur elle-même à travers les restrictions financières nous a, bel et bien, aidé face à la crise financière mondiale de ces dernières années, sauf que ces mêmes restrictions font que notre savoir-faire s’exporte peu ou presque pas via le monde virtuel.

Mais qu’est-ce qu’il y a d’intéressant dans ce monde virtuel ?

Services en-ligne  : générateur d'emploi décentralisé ?Énormément d’opportunités.
Qu’est-ce que vous pensez qu’il manque à un informaticien Tunisien de développer et vendre :
  • Des heures de travail en freelance
  • Des applications et logiciels informatiques
  • Des plugins et extensions de systèmes informatiques
  • Des templates pour systèmes de management du contenu et des boutiques en ligne
  • Etc.
Qu’est-ce que vous pensez qu’il manque à un artisan Tunisien de produire et vendre le fruit de son imagination ?
Qu’est-ce que vous pensez qu’il manque à un industriel ou fabricant de vendre ses produits ?
Un énorme marché accessible… ou comment faire pour pouvoir exporter au monde entier sans quitter sa chambre… son bureau… son atelier… son usine… la Tunisie.
Penser juste au petit marché que représente la Tunisie à côté des milliards de consommateurs potentiels à travers le monde est une erreur que nous avons bel et bien commis, par protectionnisme, durant des années.

Qu’est-ce qui nous empêche d’aller au-delà de nos frontières ?

L’accès aux systèmes de paiement internationaux. Aujourd’hui, le commun des mortels Tunisiens, n’a pas le droit de disposer d’un compte en devises avec un solde de départ constitué à partir d’un change effectué localement et Il ne dispose pas d’une carte de crédit internationale qui lui permet de recevoir des recharges d’argent depuis l’extérieur à la suite de vente de service ou de produit.
Prenant l’exemple de PAYPAL, un moyen de paiement international, parmi les plus utilisés dans le monde (18% de l’E-Commerce mondial), mais qui n’est pas accessible aux tunisiens. Aucune possibilité pour nous d’ouvrir un compte vérifié et les comptes non vérifiés pour des citoyens comme en France ont un plafond de 1500 €.
Vous savez ce que font certains tunisiens pour se faire payer via PAYPAL ? Ils louent un serveur en France, l’utilise pour accéder à PAYPAL et ouvrir un compte en étant français par exemple avec une identité imaginaire et commencent à recevoir leurs paiements à la hauteur du plafond indiqué. S’ils se font plus d’argent, ils sont obligés d’ouvrir à chaque fois un nouveau compte avec une nouvelle fausse identité. Est-ce que vous pensez que cela encourage le tunisien à l’E-Commerce ? Bien sûr que non.
Des pays du Nord-Afrique ont déjà compris l’enjeu et l’importance de s’ouvrir et être parmi les players de l’E-Commerce mondial. C’est le cas par exemple du Maroc qui, dès le premier semestre 2012, donnera la possibilité à tous les marocains d’avoir un compte vérifié PAYPAL.

Que peut être fait par un auto-entrepreneur Tunisien ?

Plusieurs success-stories à l’échelle internationale peuvent aider sur cette question et apporter des réponses :
  • Prenons l’exemple des applications mobiles, sur Android, parmi les applications les plus vendus, il y en a une particulièrement qui a été développée par un développeur français, Ludovic Vialle, et qui a tellement cartonné en étant dans le top payant, qu’elle a été téléchargée plus de 1 million de fois à un prix de ~2€, un an et demi seulement après son lancement. L’investissement de départ était 1 PC avec une connexion internet et les frais d’ouverture d’un compte sur l’Android Market (25 US$).
  • Il y a aussi la success story de Sean Belnick, un jeune entrepreneur qui a commencé sa vie professionnelle à l’âge de 14 ans en 2001 avec un site web (BizChair.com) spécialisé dans la vente des chaises de bureau.
En 2010, ça lui rapporte 48 Millions de Dollars.
  • Enfin, il y a l’histoire d’Ashley Qualls, qui a fait un site web (whateverlife.com) à l’âge de 14 ans en 2004 en empruntant 8 US$ à sa mère  et à commencer à publier des layouts de MySpace et des tutoriaux HTML pour les gens de son âge. Elle a refusé en 2006, moins de deux ans après le lancement de son site, une proposition à 1.5 Million de dollars et la voiture qu’elle veut. Elle a bien fait de refuser car son site est aujourd’hui évalué à 4 Millions de Dollars.
Examinons maintenant quelques exemples de secteurs du domaine de l’IT qu’un auto-entrepreneur tunisien peut exploiter comme première étape :
  • Vendre ces heures de travail en Freelance
Prenons par exemple le site freelance.com qui est un site de freelance depuis 1998 et qui met à la disposition des développeurs, des missions, proposées par des donneurs d’ordre, DSI, SSII, éditeurs, etc. de partout dans le monde. Rien que sur ce site, il y en a eu pour 234 Million d’euro d’honoraires versées à des développeurs.
  • Vendre des applications en Software As A Service (SaaS)
D’après Gartner, le leader en recherche et conseil dans le domaine de l’IT dans le monde, ce secteur représente en 2011, 12.7 Milliards de Dollars, avec une augmentation de 20% par rapport à 2010. Ce secteur continuera à augmenter pour dépasser les 18 Milliards de Dollars en 2015.
D’après Frost, l’année 2012 sera marquée par l’expansion remarquable du Cloud Computing vers les plateformes mobiles vu que cette année, d’après les prévisions, il y aura plus de smartphones et tablettes mobiles vendus dans le monde que de PCs.
  • Traduire et développer des applications mobiles en Arabe
Là où des marchés arabes arrivent à saturation dans la téléphonie mobile, comme l’Arabie Saoudite avec ses 54 Millions d’abonnés en 2011 et un taux de pénétration de 186%, les applications et services mobiles en langue arabe ne suivent pas beaucoup la tendance. Aujourd’hui, sur l’Android market, le contenu arabe est très faible, or, les éditeurs d’applications, s’intéressent de plus en plus au marché émergent du moyen orient. Beaucoup d’entre eux, cherchent à sous-traiter la traduction de leurs applications ou à les adapter à la culture arabe à travers des partenariats dans ce sens.

Qu’est-ce que je propose ?

  • Permettre aux diplômés de l’enseignement supérieur de disposer d’un compte en devises lié à une carte de crédit internationale avec un solde de départ plafonné à 500 €, alimenté par une opération de change locale et déductible de leurs allocutions touristiques.
  • Chaque bénéficiaire aura l’obligation d’ouvrir une patente ou une société et de déclarer toutes ses transactions financières avec le relevé bancaire des transactions effectuées via la carte de crédit et à partir du compte bancaire comme preuve justificative.
  • Les bénéficiaires ne peuvent retirer l’argent reçu qu’en Dinars Tunisiens
  • Cette expérience entrepreneuriale ne doit pas annuler l’éligibilité du bénéficiaire à l’emploi en SIVP ou autre plan d’insertion au cas où ce dernier trouve un emploi qu’il choisit de prendre avant la fin de son deuxième exercice comptable.
  • Créer et promouvoir des mini-cyberparcs pour permettre aux diplômés qui ne disposent pas d’un PC connecté de travailler comme même avec le matériel qui sera mis à leur disposition.

Qu’est-ce que cela peut coûter à la Tunisie ?

En moyenne, pas plus que 200-300 €/an/auto-entrepreneur. Supposant que 5000 jeunes ont décidé de devenir auto-entrepreneurs grâce à cette opportunité. Ils coûteront, au maximum, à la Tunisie en terme de devise : 5000 * 500 € = 2.500.000 €. Ceci, comparé aux investissements industriels, par exemple, qui pourraient faire employer le même nombre, semble dérisoire mais aussi rapidement et facilement évolutif.
De plus, sur ces mêmes 5000 jeunes, il y aura, sans aucun doute, des success-stories et des revenus conséquents qui viendront renflouer les caisses de l’état en termes de devises. Sans chiffres prévisionnels à l’appui, je pense que la balance peut être très positive et l’expérience n’est pas tellement coûteuse.

Qu’est-ce que cela peut apporter à la Tunisie ?

  • Une baisse significative du chômage, au moins, dans le domaine de l’IT,
  • Il s’agit d’un projet qui concerne tous les intéressés, partout en Tunisie, sans forcément avoir besoin d’investissement lourd pour le mettre en place,
  • Une nouvelle source de revenus en devises pour la Tunisie.

Par : Taher Mestiri
Fondateur de Tunandroid.com
Organisateur de Tunis GTUG
Chef d’entreprise

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